Les oiseaux nés en cage ne savent pas forcément qu’ils sont prisonniers. Ils peuvent même parfois trouver la cage confortable, surtout s’ils ne savent pas bien voler. Pour éviter qu’ils ne s’échappent, on coupe ainsi parfois les plumes aux plus téméraires.
La volonté de liberté, qu’elle soit de mouvement ou d’expression, n’existe pas sans les moyens matériels de l’exercer : privée de supports ou matraquée d’idées contraires, même la liberté de penser se racornit.
L’abondance d’informations, surtout contradictoires, ne favorise pas la clairvoyance, et il suffit de chercher qui finance les médias (presse, radio, télévision) pour comprendre quels intérêts ils défendent. Par exemple, vous n’entendrez pas sur BFM TV de vraies critiques du gouvernement…
Les outils évoluent au fil des technologies, mais l’enjeu reste le contrôle de la société, même quand il s’agit de divertir. L’idéal des pouvoirs, jamais atteint, est de n’avoir que « la voix de son maître » : une vision que les régimes soi-disant démocratiques ont voulu dépasser, en multipliant une fausse diversité d’opinions et en taisant les informations les plus libératoires.
Dans toute vie sociale, il y a toujours eu une lutte entre des opinions contraires — déjà sur les murs de Pompéi, des inscriptions en témoignaient. La façon la plus primitive de les contrôler reste la répression. Efficace ? Pas toujours, car elle provoque souvent en réaction une contestation grandissante.
Avec l’émergence des réseaux sociaux via internet, la parole s’est incontestablement amplifiée, chacun.e a l’impression de pouvoir agir sur le monde. En réalité, cette capacité individuelle de dire tout et n’importe quoi — avec un encouragement à l’immédiateté qui dispense de réfléchir et de décider collectivement — a des effets pervers, bien exploités par toutes sortes de groupes de pression. Malgré tout, la contestation — les révolutions du Printemps arabe, le mouvement des Indignés en Espagne, Nuit Debout en France, Occupy Wall Street aux USA —