Monnaie locale

Avoir les bons outils, ça aide à atteindre le résultat espéré. Développer les circuits courts, équilibrer les productions d’un territoire, c’est plus facile en utilisant une monnaie locale, qui oblige à mettre de l’éthique dans la consommation et les services. Cela évite d’alimenter… la finance internationale spéculative, vecteur d’alimentation industrielle. En Occitanie, une dizaine de monnaies locales existent. En Cévennes, c’est l’Aïga.

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Choix alimentaires : la bourse et la vie !

Depuis un an existe le réseau d’aide alimentaire “Covid Entraide Ganges”, et même si aucune étude précise n’a été faite, quelques éléments sont à souligner. D’abord, les personnes en difficulté financière ont la même approche de l’alimentation que le reste de la population : ils savent à peu près ce qu’il faut manger pour être en bonne santé, ce qui ne veut pas dire qu’ils appliquent ces règles, même quand c’est financièrement possible.
Nous avons vraiment voulu populariser légumes et produits bruts, souvent négligés alors qu’ils sont meilleurs pour la santé que les plats transformés industriels. Une certaine routine fait que nombre de sources alimentaires sont rejetées “par principe” ou parce qu’on ne les connaît pas. Les personnes à faible revenu n’échappent pas à la tendance globale. Ils préfèrent une nourriture formatée, assez insipide. N’ayant pas les moyens d’une nourriture très fraîche et à maturité (la plupart des fruits sont cueillis trop tôt, par exemple), l’on compense par moins d’exigence sur la délicatesse du goût et en privilégiant la saveur sucrée.

Si très peu de personnes sont en pénurie alimentaire chronique, le manque de diversité et de qualité des “repas complets pris à table” les rend moins attractifs. Beaucoup “grignotent” en prenant des coupe-faim et autres amuse-gueules désorganisant système digestif et métabolisme.
Développer les jardins potagers pour avoir des légumes de qualité (et demain des poules, œufs, des arbres fruitiers…) incite chacun.e à apprécier pleinement les ingrédients de base, une alimentation saine, équilibrée, de saison, fraiche cueillie et ramassée bien mûre. Cela permettra de manger des plats sans conservateurs, colorants, additifs en tous genres. Prendre le temps de faire pousser les légumes et de cuisiner ne va plus de soi, même pour des personnes sans emploi, tant nous vivons dans l’immédiateté, avec des activités “collatérales” chronophages. Il s’agit aussi de revenir à l’essentiel : les revenus ne sont qu’un des moyens de consommer et ne résument pas notre capacité à vivre. Il se pourrait même que penser sa vie en fonction de son pouvoir d’achat la conduise à l’échec, tant au niveau individuel que collectif.
R.L.

Chant libre

Les oiseaux nés en cage ne savent pas forcément qu’ils sont prisonniers. Ils peuvent même parfois trouver la cage confortable, surtout s’ils ne savent pas bien voler. Pour éviter qu’ils ne s’échappent, on coupe ainsi parfois les plumes aux plus téméraires.
La volonté de liberté, qu’elle soit de mouvement ou d’expression, n’existe pas sans les moyens matériels de l’exercer : privée de supports ou matraquée d’idées contraires, même la liberté de penser se racornit.
L’abondance d’informations, surtout contradictoires, ne favorise pas la clairvoyance, et il suffit de chercher qui finance les médias (presse, radio, télévision) pour comprendre quels intérêts ils défendent. Par exemple, vous n’entendrez pas sur BFM TV de vraies critiques du gouvernement…
Les outils évoluent au fil des technologies, mais l’enjeu reste le contrôle de la société, même quand il s’agit de divertir. L’idéal des pouvoirs, jamais atteint, est de n’avoir que « la voix de son maître » : une vision que les régimes soi-disant démocratiques ont voulu dépasser, en multipliant une fausse diversité d’opinions et en taisant les informations les plus libératoires.
Dans toute vie sociale, il y a toujours eu une lutte entre des opinions contraires — déjà sur les murs de Pompéi, des inscriptions en témoignaient. La façon la plus primitive de les contrôler reste la répression. Efficace ? Pas toujours, car elle provoque souvent en réaction une contestation grandissante.
Avec l’émergence des réseaux sociaux via internet, la parole s’est incontestablement amplifiée, chacun.e a l’impression de pouvoir agir sur le monde. En réalité, cette capacité individuelle de dire tout et n’importe quoi — avec un encouragement à l’immédiateté qui dispense de réfléchir et de décider collectivement — a des effets pervers, bien exploités par toutes sortes de groupes de pression. Malgré tout, la contestation — les révolutions du Printemps arabe, le mouvement des Indignés en Espagne, Nuit Debout en France, Occupy Wall Street aux USA — 

les visions constructives et solidaires se déploient grâce à la vivacité de ces réseaux sociaux, à Ganges comme ailleurs.
Ces réseaux ont permis dans notre région que se développent au sein de la population des mouvements d’entraide et de contestation des pouvoirs. Hélas, on en parle beaucoup moins que des propos haineux et des tendances à la délation qui divisent le peuple.
Cet outil des réseaux est fragile car, sous couvert de protéger des déviances (dernier exemple en date : le blocage de Trump, qui nous a fait tout de même bien plaisir !), il est très facile de bloquer une personne, un groupe ou tout un pays. Nombre d’utilisateurs et d’utilisatrices de Facebook, par exemple, ont déjà connu ce couperet, hors de toute juridiction et donc de tout recours. Prochainement les GAFAM* vont modifier une fois de plus leurs critères de confidentialité, ce qui provoque un basculement vers d’autres applications moins transparentes. Notamment vers les réseaux du « Dark net », utilisés par les organisations terroristes et mafieuses.
La censure de la liberté d’expression n’existe pas que dans les médias. Par exemple dans les rues de nos villages, les murs ont rarement la parole mais sont sous surveillance H24.
Des informations vitales manquent : par exemple, qui connaît l’état de la pandémie dans notre communauté de communes ?
Certes, les mairies continuent à diffuser dans les boîtes aux lettres des bulletins municipaux. Se font-ils vraiment l’écho de la vie des villages et des problèmes de la population ?
La presse peine à refléter la vie sociale de la Communauté des Communes Gangeoises et Suménoises — rares articles dans Midi Libre. Localement, le meilleur lien pour l’actualité reste Radio Escapades.
Nous espérons offrir avec le Porte-Voies un nouveau support, pour permettre une parole libre de la population et ouvrir à l’exploration d’espaces créatifs originaux.
R. L.