Rencontre avec les élu.e.s de la minorité de Sumène

Marie-Christine Calais, Pascale Castanier, Richard Leprovost, Tania Mercereau, vous étiez élu.e.s de la majorité municipale dans la mandature précédente. Actuellement vous êtes élu.e.s de la minorité, qu’en est-il de la liberté d’expression pour vous au sein de la vie municipale suménoise ?
Il a fallu faire appel à la Sous-Préfecture pour obtenir l’espace d’expression qui nous est légalement dû (une page sur les 20 du bulletin municipal). Il semblerait que les élu.e.s majoritaires envisagent maintenant de nous attribuer seulement une demi-page. La nouvelle équipe édite «La lettre suménoise», bimestrielle, considérée par le maire comme «seulement de l’information», donc pas d’espace pour la minorité. Cette lettre affiche, hélas, une position partisane. Nous y sommes accusé.e.s de «fausses rumeurs, de gesticulations stériles», de «diviser et cliver»… C’est dommageable pour le statut d’élu.e.s de lire cela. Être la cible d’une hargne à cause de critiques sur l’action de la majorité est une atteinte à la démocratie, même si c’est à l’échelle locale.
Sur le site internet de la commune nous avons droit à un «onglet» consacré à la parole de la minorité, mais… consacré aussi à la réponse de la majorité ! Est-il juste que nos différends s’étalent sur le site facilement accessible à qui voudrait venir s’installer à Sumène?
Dans Sumène, 5 panneaux ouverts à tout le monde ont été installés par l’équipe précédente, et quelques panneaux fermés à clé. Ces derniers ne nous sont pas accessibles en tant qu’élu.e.s.

Que se passe-t-il au sein des commissions municipales?
Nous bénéficions des 6 années où nous avons été en place, et les commissions ont été maintenues, mais avec un seul élu de la minorité par commission. Celles-ci ne fonctionnent pas comme lieu de travail, d’échanges, de débats, mais comme de simples lieux d’informations. Cela n’a rien à voir avec notre conception d’un fonctionnement démocratique !

Contact de l’Écho du Ranc de Banes : collectifrancdebanes@gmail.com
ou sur Facebook : L’Echo du Ranc de Banes

 

Les décisions sont prises entre le maire et les adjoints, et pendant les commissions, on nous présente ces décisions, qui seront validées en conseil municipal. Notre fonctionnement était très différent. Pour nous, avant une commission, l’information doit être envoyée aux élu.e.s. Il faut ensuite, en commission, travailler et préparer les argumentaires, pour et contre le projet, émettre éventuellement un avis si un consensus se dégage, le tout étant ensuite présenté au conseil municipal, assemblée délibérante qui peut débattre et prendre une décision après vote.
Au moment des conseils municipaux, avez-vous une libre expression?
On reçoit par mail l’ordre du jour et les notes d’intention. Il faut envoyer en avance les questions à ajouter à cet ordre du jour. Pendant le conseil, les points sont abordés par le maire, ou un adjoint, puis il y a possibilité d’intervention et de questions, et nous en profitons, même si cela crée des heurts.
À Sumène, 19 personnes constituent le conseil municipal, beaucoup de la majorité sont nouvelles dans cette fonction. Il y a une sorte de passivité dont il faudrait sortir, même s’il n’est pas toujours facile de prendre la parole en public. Nous aimerions que la parole de toutes et tous circule plus librement.

Quels seraient vos souhaits pour l’avenir?
Que les commissions soient des lieux d’échanges pour réfléchir ensemble. La municipalité a bien sûr de bonnes idées, que nous serions prêt.e.s à soutenir et, dans l’idéal, nous voudrions travailler avec la majorité.
L’Écho du Ranc de Banes, périodique créé récemment, veut alimenter le débat citoyen à partir d’autres sources d’information, permettre l’expression libre de tous ceux qui veulent donner leur avis sur l’avenir de Sumène.
Il peut relever les actions positives de la municipalité, en proposer de nouvelles, mais aussi critiquer celles qui lui paraissent néfastes. C’est la base de la démocratie.
Pour nous, c’est l’absence d’information suffisante qui fait naître les rumeurs.

Entretien avec une lycéenne

Vous êtes en classe de première au lycée Jean Monnet, à Montpellier et vous avez accepté de nous parler à propos de la liberté d’expression.
Enfant, tu ne donnes pas ton avis et on considère que tu n’as pas vraiment d’avis. Au collège, c’était plutôt conventionnel, tu n’es pas forcément qui tu veux être ; mais quand je suis arrivée au lycée, j’ai pu mieux m’assumer. En grandissant tu gagnes en liberté d’expression. Je suis maintenant dans un lycée artistique, et donc la liberté d’expression a une place importante. Je suis donc assez privilégiée.
Ça passe aussi par les manifestations. C’est très stressant d’aller en manif, mais j’y vais le plus possible. Quand tu y vas, tu te dis « si ça se trouve je vais me faire taper ou finir en prison ». La dernière manif, c’était par rapport  à la loi sécurité globale : si on ne peut pas filmer la police, montrer ce que la police fait — enfin certains policiers ! — on se retrouve privé de liberté. Les policiers ont le droit de nous filmer, ils ont tous des caméras sur leur torse. Ça crée de l’angoisse quand tu vois ça. Je peux aller aux manifs si elles sont autorisées, mais je prends le risque d’être fichée pour plus tard. C’est dingue.

Vous êtes nombreux à aller aux manifestations ?
Oui beaucoup de jeunes, en particulier à la dernière, car les teufeurs commencent à venir aux manifs, avec des sound systems, ce qui fait du bien. On est de plus en plus révolté et ce sentiment est partagé par beaucoup de monde. Rien que du fait d’avoir un masque, on est privé d’une liberté d’expression, d’une partie de notre visage, de nos sourires, de l’expression de nos sentiments.
On porte presque tout le temps le masque, même en partie en cours de théâtre, alors que ce devrait être un lieu de pleine liberté ! Ça change beaucoup les choses, c’est démotivant… Là je sens parfois que tout est mort, je fais du théâtre avec un masque, je ne peux plus aller à un spectacle… Où allons-nous ? Vers la mort, tout le monde à rester enfermé chez soi, s’abrutir devant la télé…

Quelle est l’influence des médias ?
Moi je ne regarde pas la télé, je suis plus sur les réseaux sociaux. C’est là que j’ai des informations : on regarde tous un peu les mêmes choses et on se partage les vidéos. Du coup, oui, on est influencé. Il peut y avoir des informations déformées par les médias, puis il y a l’interprétation des gens qui circule aussi et finalement on interprète des interprétations… Le risque est que chacun retienne seulement un fragment d’information et pas tout l’ensemble. J’ai Instagram, avec vidéos et photos et aussi beaucoup de commentaires. Par contre, je n’ai pas Twitter, du coup je n’ai  pas accès aux fake news qui tournent très vite, même si j’en ai ensuite des échos sur Instagram. En trente secondes, après un tweet, il peut y avoir un million de retweets. Je regarde des médias, comme Konbini ou Brut, qui passent beaucoup par la vidéo.
Y a-t-il une liberté d’expression dans les cours, en éducation civique, en histoire, en lettres, etc. ?
Un cours d’éducation civique était en janvier ??? sur la liberté d’expression. Je suis dans un lycée où il y a beaucoup de musulmans pratiquants, car on est proches de la Paillade. Un groupe de filles musulmanes ne voulait pas faire l’hommage à Samuel Paty, mais la professeure nous a dit : « L’école est un endroit où vous avez le droit de réagir comme ça. Vous avez le droit de ne pas être d’accord avec l’hommage.
Vous avez défendu vos arguments, mais cet hommage reste quelque chose d’important. » La prof les a écoutées au lieu de les engueuler.
Finalement elles ont tout de même respecté la minute de silence.

Dans mon groupe de réflexion, il y avait une seule fille musulmane : elle n’était pas d’accord au sujet de la caricature du prophète, mais elle n’a pas osé s’exprimer ni donner sa position.Dernièrement en français, nous étudiions un livre, La princesse de Clèves, elle est amoureuse d’un autre homme que celui avec lequel elle est mariée : débat. Un garçon défendait une position très traditionnelle  et disait qu’elle ne devait pas aimer un autre puisqu’elle était mariée. Pour lui c’était horrible. La prof a reconnu qu’il avait le droit d’avoir cet avis.

Y a-t-il des sujets pour lesquels il y a une difficulté à parler librement ?
Dans le système scolaire, on est tout de même un peu manipulé. On nous apprend des choses pour qu’on ne se retourne pas contre l’État… On étudie les guerres, on nous présente la France comme puissante, mais on ne dit pas que la France a colonisé d’autres régions du monde et fait vivre des choses horribles à des gens. On est nombreux dans les classes : impossible d’exposer nos différents avis. Si on pose une question, on nous répond :  « Je n’ai pas le temps, il faut avancer dans le programme… »
En philosophie – on peut maintenant en faire dès la première – la prof ne partage pas ses propres pensées, mais elle parle « pour » le philosophe. On lui a dit : « ce que pensait ce philosophe n’est pas d’actualité, et vous qu’est-ce que vous en pensez ? » Mais elle a répondu : «  je n’ai pas le droit de vous donner mon avis. » On a tous trouvé ça dommage. Surtout qu’on a souvent l’impression que nos avis personnels ne valent rien, puisque ce n’est pas ce qu’on nous apprend…

Y a-t-il des sujets complètement tabous ?
Au lycée, il n’y en a pas trop, à part la religion. Il « faut » qu’on soit laïc, on n’a pas le droit d’exprimer sa religion, donc on n’en parle pas du tout entre nous.
Il y a beaucoup de filles qui portent le voile – pas dans le lycée même, elles n’ont pas le droit – on ne peut pas en parler, de peur qu’elles se sentent jugées.
Pour ce qui concerne l’intimité, la sexualité, le genre, pas de tabou mais les garçons ont moins de mal que les filles à parler de la masturbation par exemple. Il y a beaucoup de personnes homosexuelles. Dans d’autres lycées ce serait mal vu, mais là il y a  beaucoup de personnes trans par exemple. Elles s’affirment, de façon très détendue, il n’y a pas de jugement et une ouverture d’esprit. On a le droit de se sentir fille ou de se sentir garçon.
Dans mon lycée, tu viens habillé comme tu veux, avec un croptop, un trou à ton pantalon, ou en cosplay, déguisé en personnage de dessin animé, habillé en renard, ou en robe très très courte, personne ne te dira rien, alors qu’au lycée Jules Guesde, tu dois être vraiment correct. On ne doit pas voir ton ventre parce que c’est sexuel… il faut la « tenue républicaine » !!
Mais une fois que tu sors de la bulle du lycée où tout est génial, ce n’est plus le même regard autour de toi, et pour ta tenue, tu peux te faire agresser dans la rue.

Et en tant que fille ?
Il y a toujours le tabou des règles… et c’est plus restreint sur certains sujets. En tant que fille si tu parles de ta sexualité, tu es une pute, alors que si tu es un garçon c’est bien vu que tu en parles. Une fille qui a couché avec plusieurs garçons, c’est une pute, mais un garçon qui couche avec plusieurs filles différentes, Woua hou ! Quel beau gosse ! Les filles doivent se cacher davantage. Alors oui, en tant que fille, il reste des choses sur lesquelles notre liberté est limitée… encore.

Rubrique nécrologique de l’association L’Été du Petit Temple

Ganges années 90. Refaisons un peu d’Histoire.
La municipalité de l’époque crée les prémices du théâtre Albarède et les expositions d’Art au Petit Temple.
Un Comité Municipal de Diffusion et d’Animation Culturelle  devient responsable des deux lieux avec un seul financement.
La mairie prend en charge les assurances, les frais de communication et engage une personne pour s’occuper du secrétariat et de la garde des expositions.
Nous – qui deviendrons L’Été du Petit Temple – assurons les visites d’atelier et la présentation des artistes au Comité.
En 2009, le théâtre Albarède, rénové et agrandi, change de fonctionnement, passe dans le cadre de la Communauté de Communes.
Le jeudi 15 octobre, l’assemblée générale extraordinaire convoquée par le Comité Municipal de diffusion et d’Animation Culturelle vote :
sa propre dissolution,
la création d’un comité de spectateurs, lesquels apportent une aide bénévole et sont associés au choix de la programmation, à l’accueil du public et des comédiens,
la création d’une association chargée de poursuivre les expositions au Petit Temple. La suggestion nous en avait été faite par l’adjointe à la culture de l’époque.
Nous acceptons cette proposition et créons l’Association Comité de Diffusion : L’Été du Petit Temple. Notre association. Née de cette nouvelle situation, unique solution pour continuer les expositions.
Plus de secrétariat, plus de garde, plus de Comité Municipal. Nous n’aurons dès lors qu’une petite subvention. Il nous faudra suppléer à ce nouvel état de fait par beaucoup de bénévolat : la communication, création des affiches, dépliants, site, mailings, – étant assurés presque gratuitement par un membre du groupe -, les permanences de garde au lieu d’exposition, partagées entre un petit nombre de fidèles bénévoles, les artistes et nous-mêmes.

Tant d’expositions pour lesquelles un petit groupe, quatre puis cinq personnes, artistes, professeur d’Arts Appliqués, diplômés d’école d’Art ou d’histoire de l’Art, ont donné du temps, de l’énergie, tous leurs soins pour que le Petit Temple soit un lieu d’Art à Ganges, exigeant sur la programmation, sur le caractère professionnel des artistes qui y ont exposé.

28 ans à mettre en valeur le lieu, les artistes, la ville de Ganges,  à construire la réputation du Petit Temple.
Mais voilà que le 18 septembre 2020, après une saison annulée à cause de la pandémie, nous recevons ce mail brutal de l’actuelle adjointe à la culture. Le sujet : « Changement d’association pour le Petit Temple ». Aucune communication de la mairie avant ce jour pour nous informer d’un quelconque désaccord ou mécontentement, désaccord paraissant toutefois profond. Nous aurions dû le comprendre par l’absence d’intérêt que la municipalité montrait, que ce soit pendant les commissions culture ou pendant les expos.
On nous reproche que « de nombreux artistes locaux de qualité n’ont jamais été exposés ». Peut-être. Pourtant, 90% des artistes que nous avons exposés étaient, sinon Gangeois, du moins locaux.
Que « le public touché est peu varié ». Entre 2500 et 3500 visiteurs par été depuis nos débuts…Toujours les mêmes ?
Qu’« à Ganges il est aujourd’hui plus que nécessaire que l’Art rentre dans les foyers et dans les esprits des plus jeunes, enfants et jeunes adultes ». N’est-ce pas ce que nous faisions  par l’accueil de nombreuses classes d’enfants dans les expositions (21 classes, soit plus de 500 enfants pour l’exposition sur l’Art brut en juin 2017) et pour des ateliers (8 ateliers pour la même exposition.) ?

Il est vrai que les expositions privilégiaient le travail des artistes. Le Petit Temple est un lieu magnifique et rare. Dommage de l’avoir perdu.

Dans un encart :
Note de la Rédaction :
Dans ce numéro 1 dédié à la liberté d’expression, ces faits nous posent vraiment question : la plupart des membres de l’Association L’été du Petit Temple faisait partie de la liste d’opposition pour les élections municipales, ou était sympathisant.es. Est-ce pour cette raison que la majorité municipale, sortie de ces élections, semble tout à coup remettre en cause l’existence même de l’Association et son œuvre ? Si cela était, ce serait dommage de mélanger ainsi l’amour de l’art et la politique … En lui enlevant concrètement l’objet même de son existence (le Petit Temple) la municipalité de Ganges supprime de fait cette association loi 1901, qui avait tellement contribué à la richesse de la vie culturelle gangeoise. Est-ce juste ? Est-ce légal ? C’est en tout cas bien triste pour les citoyen.ne.s de cette ville.

Entrevue avec Radio Escapades

D édiée à la communication sociale de proximité, Radio-escapades émet de St Hippolyte du Fort et dispose de trois fréquences, 104.1 à St Hippolyte du Fort et Piémont cévenol, 102.0 à Lasalle, 103.3 Ganges et alentours, St Bauzille, Le Vigan, jusqu’à l’Aigoual.
Pour «  le reste du monde  », il y a radioescapades.org.
Radio associative et non commerciale, elle défend aussi ses pairs en Occitanie. La radio est animée par une cinquantaine de bénévoles et une équipe de salarié.e.s. L’association La Preuve Par Neuf porte Radio-escapades, avec un bureau élu par son conseil d’administration.

Pour Radio Escapades, que représente la liberté d’expression  ?
La liberté de parole est un des rôles premiers de notre radio, dans le cadre légal du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel — respecter les lois de la République, ne pas porter atteinte à autrui, ne pas prononcer de propos racistes, etc. Nous travaillons avec tous les gens qui composent le territoire  : bénévoles, associations, collectivités.
Lorsqu’un bénévole nous propose une émission nouvelle, il nous présente son projet, et dans cette première rencontre va déjà être précisée l’attention qu’il faut porter aux règles éthiques — bien citer ses sources, et les dérapages possibles à éviter. Puis le bénévole fait son «  émission pilote  », qui sera écoutée par l’équipe. Le bénévole revient pour un autre rendez-vous, où nous lui faisons notre retour, et c’est après que son émission rejoint la grille des programmes.
Une charte de Radio Escapades est en cours de réalisation.

Et que se passe-t-il en cas de dérapage en direct au cours d’une émission  ?
Siham  : Le bénévole animant une émission en direct dans une radio associative est responsable de son propos, mais si l’émission est enregistrée puis diffusée, le cadre est différent, et là c’est la radio qui est responsable. Si le bénévole reçoit en direct une personne qui a tout à coup des propos racistes, homophobes, choquants, il est censé mettre le holà immédiatement.
Je suis intervenue une fois en direct dans une émission pendant laquelle l’animatrice elle-même a tenu des propos choquants  ! Donc je suis allée dans le studio, j’ai fait signe en régie de faire d’urgence une pause musicale. Nous avons discuté hors micro afin qu’elle prenne conscience de ce qu’elle avait dit. Mais c’est la seule fois où j’ai été confrontée à une telle dérive.
Nous avons un logiciel enregistrant tout ce qui se passe sur les ondes, obligation donnée par le CSA.
Ça permet de pouvoir ré-écouter l’émission en cas de problème d’ordre juridique. En cas de plainte d’un auditeur, nous pouvons ressortir l’émission, l’écouter avec le conseil d’administration réuni en cellule de crise, nous mettre d’accord et rencontrer ensuite le bénévole pour une discussion. Pas en mode «  tribunal  »  ! Il s’agit de faire comprendre le dérapage qui s’est produit. Parfois cela peut aboutir à l’arrêt de l’émission.

Maria arrive dans le studio, revenant d’un atelier avec des collégiens du Vigan. Dans les ateliers, comment faire passer le cadre d’une parole radiophonique pour que les jeunes se l’approprient et qu’il permette leur expression  ?
Siham  : Radio Escapades travaille avec des jeunes dans les collèges du territoire. Ces ateliers se passent en binôme avec les professeurs documentalistes. Parfois ils veulent donner des lignes directives aux jeunes pour tel ou tel article. En fait nous pensons qu’il est au contraire important que le sujet et sa construction viennent des jeunes eux-mêmes, de leur liberté d’expression.
Maria  : C’est une histoire de rapport humain et il faut être à l’écoute des jeunes. Par exemple une fille voulait absolument parler du débat autour des croptops et de la tenue républicaine évoquée par le ministre. Elle a fait tout un texte sur cette question. On peut d’ailleurs écouter cette émission sur notre site.
Siham  : Ils font très attention au contenu de ce qu’ils écoutent. À Quissac, avec des 5e et des 4e, nous avons déjà réalisé deux émissions et ils font eux-mêmes les choix musicaux. Au Vigan, c’est une élève qui chantera a capela une chanson plutôt classique. Un autre collégien fait de la musique électronique, et sa musique passera dans l’émission aussi.

Y a-t-il une difficulté pour maitriser cette liberté d’expression qui leur est offerte  ?

Maria  : Non, il n’y a pas de problème, ils n’expriment pas de rancœur, pas de rage, ils sont même très sages, très «  Harry Potter  »  ! Ils parlent mangas, science-fiction, jeux vidéo… Ils ne sont pas dans la revendication. Mise à part la question de la position des filles dans la société. Ces adolescentes et adolescents sont en train de changer, ils ont d’autres vocabulaires. À douze ou treize ans, les notions de transgenre, de non-binarité, leur sont naturelles.
Maria arrive dans le studio, revenant d’un atelier avec des collégiens du Vigan.
Dans les ateliers, comment faire passer le cadre d’une parole radiophonique pour que les jeunes se l’approprient et qu’il permette leur expression  ?
Siham  : Radio Escapades travaille avec des jeunes dans les collèges du territoire. Ces ateliers se passent en binôme avec les professeurs documentalistes. Parfois ils veulent donner des lignes directives aux jeunes pour tel ou tel article. En fait nous pensons qu’il est au contraire important que le sujet et sa construction viennent des jeunes eux-mêmes, de leur liberté d’expression.
Maria  : C’est une histoire de rapport humain et il faut être à l’écoute des jeunes. Par exemple une fille voulait absolument parler du débat autour des croptops et de la tenue républicaine évoquée par le ministre. Elle a fait tout un texte sur cette question. On peut d’ailleurs écouter cette émission sur notre site.
Siham  : Ils font très attention au contenu de ce qu’ils écoutent. À Quissac, avec des 5e et des 4e, nous avons déjà réalisé deux émissions et ils font eux-mêmes les choix musicaux. Au Vigan, c’est une élève qui chantera a capela une chanson plutôt classique. Un autre collégien fait de la musique électronique, et sa musique passera dans l’émission aussi.

Y a-t-il une difficulté pour maitriser cette liberté d’expression qui leur est offerte  ?
Maria  : Non, il n’y a pas de problème, ils n’expriment pas de rancœur, pas de rage, ils sont même très sages, très «  Harry Potter  »  ! Ils parlent mangas, science-fiction, jeux vidéo… Ils ne sont pas dans la revendication. Mise à part la question de la position des filles dans la société. Ces adolescentes et adolescents sont en train de changer, ils ont d’autres vocabulaires. À douze ou treize ans, les notions de transgenre, de non-binarité, leur sont naturelles.

Comment vous positionnez-vous par rapport à la politique, aux élections, et aux élu.e.s  ?
Siham  : C’est simple, nous ne traitons pas les élections. Cette position remonte à longtemps. L’équipe et le CA ont décidé à l’époque de ne pas recevoir le FN dans les locaux. Si on traite les élections, on est censé donner le même temps à tous les bords. Nous ne recevons donc aucune liste.
Lorsque des mairies nous sollicitent pour des évènements, sur l’environnement, la culture, nous y allons. Même si elles nous subventionnent, il n’y a aucune pression de leur part. Les communes nous accordent des subventions, sans que nous ayons besoin d’aller défendre le dossier auprès des conseils municipaux.

Y-a-t-il des émissions politiques  ?
Pas politique comme ils l’entendent… Mais oui, il y a des émissions  : Gilets jaunes, Le nouveau monde est là, Polémix et la voix off, une émission plutôt anar, une émission écolo… Mais pas d’émission où des élu.e.s tiennent le micro. Nous couvrons des événements comme les rencontres éco citoyennes, ou le forum des métiers et de l’emploi. Des élu.e.s peuvent être interviewé.e.s 5 minutes mais pas pour de la propagande  !

Comment se fait le traitement de l’actualité  ?
Antoine  : Chez Radio Escapades, nous ne faisons pas, comme certaines radios locales, passer les infos de RFI. Nous avons, par choix, notre propre journal d’infos. J’écoute France Inter le matin, et donc je sais ce dont tous les grands médias vont parler dans la journée. Du coup, je parle d’autres sujets de fond, d’infos issues de médias alternatifs, locaux (Le poing à Montpellier) ou nationaux (Bastamag, Reporterre) ou de Facebook, par exemple pour des nouvelles de la ZAD à Saint Gély du Fesc. Il n’y a pas que l’AFP qui soit valable  !
Je suis libre de mon approche, si nécessaire je discute avec le reste de l’équipe. Si c’est du national ou de l’international, l’info peut être traitée de façon assez courte, mais par contre pour ce qui est du local, les gens nous appellent, et nous prenons le temps de donner la parole librement aux gens, suffisamment longtemps et non pas deux minutes comme sur les chaines d’infos.

Pour le Vivre ensemble

Avons-nous conscience que l’espace public est un espace de droit, ouvert à toutes et tous ? Un endroit où les gens sont par conséquent susceptibles de se rassembler, échanger, se parler, s’organiser, s’amuser, faire ensemble, être et vivre ensemble. C’est le lieu où les problèmes personnels liés à la maladie, à la survie sociale, au logement, etc., peuvent se dire et être portés par la communauté citoyenne. C’est dans l’espace public que peut naître et s’organiser l’entraide qui brise les solitudes et redonne un pouvoir d’initiatives.
Les mesures de restrictions sanitaires liées à la Covid19 entravent de fait notre circulation dans l’espace public. Soyons vigilant.e.s et vérifions que les pouvoirs publics n’en abusent pas pour nous imposer une démocratie rétrécie ! Raison de plus pour inciter à une véritable liberté d’expression dans nos villes. Il faut que les citoyen.ne.s puissent faire remonter leurs besoins, leurs idées et projets collectifs vers les institutions locales, qui devraient les recevoir et les reconnaître, mais qui souvent font la sourde oreille.
Pour que chacune, chacun, avec sa sensibilité et son histoire, se sente intégré.e dans le dialogue public, et pour nous réapproprier la vie collective de nos villes et villages, osons des initiatives !

Nous vous proposons donc de participer au journal Le Porte-Voies.
Ces pages permettront de penser l’avenir sur cette planète, et plus précisément ici où nous vivons, de réfléchir aux conditions de la transition écologique, de repenser une vie culturelle, une urbanisation, une éducation en accord avec la vie, et de promouvoir une entraide générale entre les citoyen.ne.s.
Les dirigeants du monde n’ont en tête que la poursuite effrénée d’une économie capitaliste. Le coronavirus provoque une crise globale pour notre civilisation devenue folle. Notre journal offrira un espace pour dire comment nous voulons répondre à cette crise au niveau local.Nous adoptons des principes éthiques de respect de la communauté citoyenne fraternelle, laïque et universelle. Pas de racisme, pas d’homophobie, pas de sexisme, pas d’islamophobie, pas d’antisémitisme, pas de nationalisme, pas d’apologie de la violence, pas de prosélytisme religieux ou politique, pas de contestation abstraite ! Nous appelons des textes et prises de position construisant positivement le dialogue et le vivre ensemble. Qu’on se le dise !
P.T.

Un journal ouvert à toutes et à tous !

Le Porte-Voies est un journal thématique, et son rythme de parution n’est pas fixé. Nous espérons toutefois l’éditer plusieurs fois par an  !
Conscient.e.s que créer un journal est un très gros travail, avec le risque de se retrouver un peu débordé.es par la tâche, nous voulons que ce projet soit une expérience joyeuse et relationnelle.
C’est pourquoi nous avons eu l’idée de faire évoluer l’équipe de rédaction en fonction des numéros et des thèmes. Pour chaque numéro du journal, nous souhaitons la constitution d’un groupe de personnes motivées pour concevoir le journal autour du thème qui les intéresse particulièrement. 15 jours de travail peut-être, mais ensuite on passe la main  !
Le journal existera à cette condition : que le relais soit pris, afin que lectrices et lecteurs d’un numéros puissent devenir à leur tour responsables du thème et des textes d’un numéro suivant…
Nous accompagnerons ces comités de rédaction d’un moment avec enthousiasme et bienveillance, mais aussi avec toute la rigueur nécessaire pour qu’à chaque numéro, le journal soit intéressant pour d’autres. Car c’est bien l’enjeu, non pas se contenter d’un espace pour nos idées seulement, mais l‘ouvrir de beaucoup de façons  : entretiens, interviews, enquêtes, récits, analyses et articles de fond, débats, nouvelles locales et présentations de la vie citoyenne sous toutes ses formes.

Car c’est bien l’enjeu, non pas se contenter d’un espace pour nos idées seulement, mais l‘ouvrir de beaucoup de façons  : entretiens, interviews, enquêtes, récits, analyses et articles de fond, débats, nouvelles locales et présentations de la vie citoyenne sous toutes ses formes.
Quels thèmes aborder  ? Ils ne manquent pas  ! Citons en vrac  : À quoi ressembleront nos villes  ? — Urbanisme  et vie quotidienne — L’avenir à la campagne — Circuler dans nos villages — Que mangeons-nous  ? — La transition énergétique ici — La place des artistes — Jardins partagés et compostage — Economie solidaire  : l’avenir — De la Culture en temps de Covid, etc.
Nous voulons que ce journal soit un lieu d’expression aussi bien pour les plus âgés que pour les plus jeunes et puisse donner la parole à des groupes différents de la population de notre Communauté des Communes Gangeoises et Suménoises.
Le Porte-Voies sort sur trois supports  : de grandes affiches couleur, posées de façon bien visible dans chaque commune. Sur l’affiche le thème du numéro, un court morceau des articles, et des QR codes qui renvoient gratuitement à l’ensemble des articles du journal sur le web. Ce site www.leportevoies.info rassemblera les numéros au fur et à mesure de leur parution.