ÀGanges, depuis les dernières élections municipales, les élu.e.s d’opposition revendiquent leur statut d’opposants et entendent bien participer à la vie municipale, comme les résultats les y incitent. C’est sans compter sur la volonté exprimée de nous empêcher d’y participer activement. Quelques rappels : à Ganges comme ailleurs, les abstentions furent nombreuses. Sur 2837 inscrit.e.s, 1511 personnes ne se sont pas rendues aux urnes. Michel Fratissier, avec sa liste Ensemble, Ganges plus fort, a obtenu au premier tour 56,41% des voix, soit 730 votes ; la liste conduite par Marc Bertrand Objectif Ganges a rassemblé 297 votes, et Un autre Ganges est possible, liste collégiale, a comptabilisé 267 votes. Malgré les 43,58% pour les 2 listes d’opposition, la répartition est de 22 élu.e.s pour la majorité et de 5 élu.e.s pour l’opposition. C’est la prime au sortant. Faisons avec.

25% des inscrits

Ces résultats soulignent le peu de représentativité de la majorité actuelle, puisque les 730 voix représentent à peine plus de 25% des inscrits. Le combat n’est pas d’appeler de nos vœux une autre répartition, c’est de réfléchir à la participation d’une opposition dans une commune où le maire cherche à lui imposer le service minimum. Quelle place est faite aux élu.e.s de l’opposition ? Quelle participation à la gestion de la ville est possible, comme la loi cherche à le garantir ?

Ganges a officiellement des élus d’opposition
Lors du conseil municipal du mois de juin, nous nous sommes présenté.e.s et avons insisté sur notre conception de l’opposition. Contrairement au maire qui, lors de ses vœux de 2020, exprimait que « toutes les décisions du conseil municipal étaient prises à l’unanimité », nous, membres de l’Association Nationale des Élus Locaux d’Opposition, affirmons notre attachement aux débats, à la contradiction. Pas question de nous fondre dans la majorité comme cela a été fait lors du précédent mandat. Nous concluons en soulignant que le dissensus est un critère fort de la démocratie.

Conquérir l’espace pour la communication des élu.e.s de l’opposition

Le fonctionnement du conseil municipal est régi par un règlement intérieur. Il est désormais obligatoire. Ce règlement intérieur organise les prises de paroles, la consultation des documents associés à l’ordre du jour, les espaces de communication accordés à l’opposition, la tenue des commissions… La loi garantit désormais l’expression des oppositions au sein d’un conseil. Nous avons obtenu un premier espace dans la revue municipale Le Lien, nous attendons la définition d’un espace équivalent sur le site Internet de la Mairie. Cette conquête de l’espace débouchera sur une place sur les affichages municipaux, sur un temps d’accueil périodique du public par les élus d’opposition dans un local municipal.

Une consultation de documents difficile

Pour perturber l’expression de l’opposition, le maire, en restant dans la légalité, rend notre participation difficile. L’ordre du jour du conseil à venir est envoyé au dernier moment, soit 6 jours avant. Peu de possibilités pour consulter les documents associés aux décisions à voter lors du conseil. Chaque point de l’ordre du jour est discuté entre élu.e.s de la majorité lors de “réunions de travail”. Les conseils municipaux ressemblent à des chambres d’enregistrement. Les débats sont absents. Les élu.e.s de la majorité prennent la parole lorsqu’un point de l’ordre du jour les concerne.

Interdit de commissions

L’État impose aux maires la présence d’élu.e.s d’opposition dans les différentes commissions organisées par le règlement intérieur, pour garantir le débat démocratique dans les communes. Lors du conseil municipal de décembre 2020, au moment des questions posées par les élu.e.s d’opposition, Michel Fratissier a affirmé son refus de notre présence dans les commissions. Pour nous en empêcher, il les a rebaptisées “réunions de travail”. Ainsi, le maire n’est plus dans l’obligation de nous faire participer.
Alors que le recentrage démocratique de la communauté de communes, dont Michel Fratissier est le président, est unanimement constaté et salué par l’ensemble des maires de la comcom, le maire de Ganges écarte l’opposition de la gestion de la ville. Pour rappel : la liste Un Autre Ganges est possible a axé sa campagne sur la participation de la population au devenir de sa ville.

Une justification impossible

Les élections de 2020 à Ganges ont montré un ensemble de thèmes souffrant de l’absence de concertation avec la population et nécessitant des débats. Où en sommes-nous du Trou des halles ? La démolition de l’îlot Charles Benoît, fruit d’une concertation ? Et la clinique ? Et la rénovation des halles ? Quid des commissions extramunicipales ? Consulté.e.s, vous êtes sûr.e.s ? Vous n’êtes pas au courant ? Savez-vous que l’Association Collectif Ganges Solidarités soutenue par la Fondation de France, a distribué 9 tonnes de denrées alimentaires pendant le 1er confinement ? Elle ne semble pourtant pas exister pour la mairie.

Une opposition force de propositions

L’exclusion de l’opposition est d’autant plus incompréhensible que cette dernière cherche constamment à être constructive. Lors du conseil municipal du 24 septembre 2020, madame Vincent a présenté un projet de jardins potagers municipaux, pour que la Ville puisse se l’approprier et faciliter sa réalisation. Véritable dynamique citoyenne à l’œuvre partout dans le monde, ces projets renforcent le Vivre ensemble, initient aux circuits courts, développent des savoir-faire, enrichissent nos sensibilités aux saveurs de notre alimentation… et il sont peu onéreux. Cet exemple pour souligner les objectifs de notre présence. C’est avant tout pour faire aboutir de tels projets, qu’ils soient issus d’idées de la mairie ou de dossiers sur lesquels nous avons déjà travaillés. Nous écarter, c’est nier la pluralité de la population. C’est s’ériger en maître et gouverner pour seulement une partie des citoyens de Ganges.

Ne rien lâcher

Nous avons une toute autre approche du fonctionnement d’un conseil municipal et de la gestion d’une commune. Constater le peu de place et d’expression qui nous est accordé, puis abdiquer, serait une offense à tous ceux et toutes celles qui aspirent à une autre ville de Ganges.
Nous resterons membres actifs du conseil municipal. Nous rappellerons les nécessités et les exigences de la consultation de la population. Nous nous opposerons à chaque fois que les décisions n’en tiendront pas compte. Nous porterons les projets comme autant de promesses pour la ville et sa population.
Le conseil municipal est un lieu du débat. Accueillir le dissensus permet des prises de décisions en conscience et associe l’ensemble des habitant.e.s à la gestion de la Ville.
B.C.