Les oiseaux nés en cage ne savent pas forcément qu’ils sont prisonniers. Ils peuvent même parfois trouver la cage confortable, surtout s’ils ne savent pas bien voler. Pour éviter qu’ils ne s’échappent, on coupe ainsi parfois les plumes aux plus téméraires.
La volonté de liberté, qu’elle soit de mouvement ou d’expression, n’existe pas sans les moyens matériels de l’exercer : privée de supports ou matraquée d’idées contraires, même la liberté de penser se racornit.
L’abondance d’informations, surtout contradictoires, ne favorise pas la clairvoyance, et il suffit de chercher qui finance les médias (presse, radio, télévision) pour comprendre quels intérêts ils défendent. Par exemple, vous n’entendrez pas sur BFM TV de vraies critiques du gouvernement…
Les outils évoluent au fil des technologies, mais l’enjeu reste le contrôle de la société, même quand il s’agit de divertir. L’idéal des pouvoirs, jamais atteint, est de n’avoir que « la voix de son maître » : une vision que les régimes soi-disant démocratiques ont voulu dépasser, en multipliant une fausse diversité d’opinions et en taisant les informations les plus libératoires.
Dans toute vie sociale, il y a toujours eu une lutte entre des opinions contraires — déjà sur les murs de Pompéi, des inscriptions en témoignaient. La façon la plus primitive de les contrôler reste la répression. Efficace ? Pas toujours, car elle provoque souvent en réaction une contestation grandissante.
Avec l’émergence des réseaux sociaux via internet, la parole s’est incontestablement amplifiée, chacun.e a l’impression de pouvoir agir sur le monde. En réalité, cette capacité individuelle de dire tout et n’importe quoi — avec un encouragement à l’immédiateté qui dispense de réfléchir et de décider collectivement — a des effets pervers, bien exploités par toutes sortes de groupes de pression. Malgré tout, la contestation — les révolutions du Printemps arabe, le mouvement des Indignés en Espagne, Nuit Debout en France, Occupy Wall Street aux USA —
les visions constructives et solidaires se déploient grâce à la vivacité de ces réseaux sociaux, à Ganges comme ailleurs.
Ces réseaux ont permis dans notre région que se développent au sein de la population des mouvements d’entraide et de contestation des pouvoirs. Hélas, on en parle beaucoup moins que des propos haineux et des tendances à la délation qui divisent le peuple.
Cet outil des réseaux est fragile car, sous couvert de protéger des déviances (dernier exemple en date : le blocage de Trump, qui nous a fait tout de même bien plaisir !), il est très facile de bloquer une personne, un groupe ou tout un pays. Nombre d’utilisateurs et d’utilisatrices de Facebook, par exemple, ont déjà connu ce couperet, hors de toute juridiction et donc de tout recours. Prochainement les GAFAM* vont modifier une fois de plus leurs critères de confidentialité, ce qui provoque un basculement vers d’autres applications moins transparentes. Notamment vers les réseaux du « Dark net », utilisés par les organisations terroristes et mafieuses.
La censure de la liberté d’expression n’existe pas que dans les médias. Par exemple dans les rues de nos villages, les murs ont rarement la parole mais sont sous surveillance H24.
Des informations vitales manquent : par exemple, qui connaît l’état de la pandémie dans notre communauté de communes ?
Certes, les mairies continuent à diffuser dans les boîtes aux lettres des bulletins municipaux. Se font-ils vraiment l’écho de la vie des villages et des problèmes de la population ?
La presse peine à refléter la vie sociale de la Communauté des Communes Gangeoises et Suménoises — rares articles dans Midi Libre. Localement, le meilleur lien pour l’actualité reste Radio Escapades.
Nous espérons offrir avec le Porte-Voies un nouveau support, pour permettre une parole libre de la population et ouvrir à l’exploration d’espaces créatifs originaux.
R. L.