D édiée à la communication sociale de proximité, Radio-escapades émet de St Hippolyte du Fort et dispose de trois fréquences, 104.1 à St Hippolyte du Fort et Piémont cévenol, 102.0 à Lasalle, 103.3 Ganges et alentours, St Bauzille, Le Vigan, jusqu’à l’Aigoual.
Pour «  le reste du monde  », il y a radioescapades.org.
Radio associative et non commerciale, elle défend aussi ses pairs en Occitanie. La radio est animée par une cinquantaine de bénévoles et une équipe de salarié.e.s. L’association La Preuve Par Neuf porte Radio-escapades, avec un bureau élu par son conseil d’administration.

Pour Radio Escapades, que représente la liberté d’expression  ?
La liberté de parole est un des rôles premiers de notre radio, dans le cadre légal du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel — respecter les lois de la République, ne pas porter atteinte à autrui, ne pas prononcer de propos racistes, etc. Nous travaillons avec tous les gens qui composent le territoire  : bénévoles, associations, collectivités.
Lorsqu’un bénévole nous propose une émission nouvelle, il nous présente son projet, et dans cette première rencontre va déjà être précisée l’attention qu’il faut porter aux règles éthiques — bien citer ses sources, et les dérapages possibles à éviter. Puis le bénévole fait son «  émission pilote  », qui sera écoutée par l’équipe. Le bénévole revient pour un autre rendez-vous, où nous lui faisons notre retour, et c’est après que son émission rejoint la grille des programmes.
Une charte de Radio Escapades est en cours de réalisation.

Et que se passe-t-il en cas de dérapage en direct au cours d’une émission  ?
Siham  : Le bénévole animant une émission en direct dans une radio associative est responsable de son propos, mais si l’émission est enregistrée puis diffusée, le cadre est différent, et là c’est la radio qui est responsable. Si le bénévole reçoit en direct une personne qui a tout à coup des propos racistes, homophobes, choquants, il est censé mettre le holà immédiatement.
Je suis intervenue une fois en direct dans une émission pendant laquelle l’animatrice elle-même a tenu des propos choquants  ! Donc je suis allée dans le studio, j’ai fait signe en régie de faire d’urgence une pause musicale. Nous avons discuté hors micro afin qu’elle prenne conscience de ce qu’elle avait dit. Mais c’est la seule fois où j’ai été confrontée à une telle dérive.
Nous avons un logiciel enregistrant tout ce qui se passe sur les ondes, obligation donnée par le CSA.
Ça permet de pouvoir ré-écouter l’émission en cas de problème d’ordre juridique. En cas de plainte d’un auditeur, nous pouvons ressortir l’émission, l’écouter avec le conseil d’administration réuni en cellule de crise, nous mettre d’accord et rencontrer ensuite le bénévole pour une discussion. Pas en mode «  tribunal  »  ! Il s’agit de faire comprendre le dérapage qui s’est produit. Parfois cela peut aboutir à l’arrêt de l’émission.

Maria arrive dans le studio, revenant d’un atelier avec des collégiens du Vigan. Dans les ateliers, comment faire passer le cadre d’une parole radiophonique pour que les jeunes se l’approprient et qu’il permette leur expression  ?
Siham  : Radio Escapades travaille avec des jeunes dans les collèges du territoire. Ces ateliers se passent en binôme avec les professeurs documentalistes. Parfois ils veulent donner des lignes directives aux jeunes pour tel ou tel article. En fait nous pensons qu’il est au contraire important que le sujet et sa construction viennent des jeunes eux-mêmes, de leur liberté d’expression.
Maria  : C’est une histoire de rapport humain et il faut être à l’écoute des jeunes. Par exemple une fille voulait absolument parler du débat autour des croptops et de la tenue républicaine évoquée par le ministre. Elle a fait tout un texte sur cette question. On peut d’ailleurs écouter cette émission sur notre site.
Siham  : Ils font très attention au contenu de ce qu’ils écoutent. À Quissac, avec des 5e et des 4e, nous avons déjà réalisé deux émissions et ils font eux-mêmes les choix musicaux. Au Vigan, c’est une élève qui chantera a capela une chanson plutôt classique. Un autre collégien fait de la musique électronique, et sa musique passera dans l’émission aussi.

Y a-t-il une difficulté pour maitriser cette liberté d’expression qui leur est offerte  ?

Maria  : Non, il n’y a pas de problème, ils n’expriment pas de rancœur, pas de rage, ils sont même très sages, très «  Harry Potter  »  ! Ils parlent mangas, science-fiction, jeux vidéo… Ils ne sont pas dans la revendication. Mise à part la question de la position des filles dans la société. Ces adolescentes et adolescents sont en train de changer, ils ont d’autres vocabulaires. À douze ou treize ans, les notions de transgenre, de non-binarité, leur sont naturelles.
Maria arrive dans le studio, revenant d’un atelier avec des collégiens du Vigan.
Dans les ateliers, comment faire passer le cadre d’une parole radiophonique pour que les jeunes se l’approprient et qu’il permette leur expression  ?
Siham  : Radio Escapades travaille avec des jeunes dans les collèges du territoire. Ces ateliers se passent en binôme avec les professeurs documentalistes. Parfois ils veulent donner des lignes directives aux jeunes pour tel ou tel article. En fait nous pensons qu’il est au contraire important que le sujet et sa construction viennent des jeunes eux-mêmes, de leur liberté d’expression.
Maria  : C’est une histoire de rapport humain et il faut être à l’écoute des jeunes. Par exemple une fille voulait absolument parler du débat autour des croptops et de la tenue républicaine évoquée par le ministre. Elle a fait tout un texte sur cette question. On peut d’ailleurs écouter cette émission sur notre site.
Siham  : Ils font très attention au contenu de ce qu’ils écoutent. À Quissac, avec des 5e et des 4e, nous avons déjà réalisé deux émissions et ils font eux-mêmes les choix musicaux. Au Vigan, c’est une élève qui chantera a capela une chanson plutôt classique. Un autre collégien fait de la musique électronique, et sa musique passera dans l’émission aussi.

Y a-t-il une difficulté pour maitriser cette liberté d’expression qui leur est offerte  ?
Maria  : Non, il n’y a pas de problème, ils n’expriment pas de rancœur, pas de rage, ils sont même très sages, très «  Harry Potter  »  ! Ils parlent mangas, science-fiction, jeux vidéo… Ils ne sont pas dans la revendication. Mise à part la question de la position des filles dans la société. Ces adolescentes et adolescents sont en train de changer, ils ont d’autres vocabulaires. À douze ou treize ans, les notions de transgenre, de non-binarité, leur sont naturelles.

Comment vous positionnez-vous par rapport à la politique, aux élections, et aux élu.e.s  ?
Siham  : C’est simple, nous ne traitons pas les élections. Cette position remonte à longtemps. L’équipe et le CA ont décidé à l’époque de ne pas recevoir le FN dans les locaux. Si on traite les élections, on est censé donner le même temps à tous les bords. Nous ne recevons donc aucune liste.
Lorsque des mairies nous sollicitent pour des évènements, sur l’environnement, la culture, nous y allons. Même si elles nous subventionnent, il n’y a aucune pression de leur part. Les communes nous accordent des subventions, sans que nous ayons besoin d’aller défendre le dossier auprès des conseils municipaux.

Y-a-t-il des émissions politiques  ?
Pas politique comme ils l’entendent… Mais oui, il y a des émissions  : Gilets jaunes, Le nouveau monde est là, Polémix et la voix off, une émission plutôt anar, une émission écolo… Mais pas d’émission où des élu.e.s tiennent le micro. Nous couvrons des événements comme les rencontres éco citoyennes, ou le forum des métiers et de l’emploi. Des élu.e.s peuvent être interviewé.e.s 5 minutes mais pas pour de la propagande  !

Comment se fait le traitement de l’actualité  ?
Antoine  : Chez Radio Escapades, nous ne faisons pas, comme certaines radios locales, passer les infos de RFI. Nous avons, par choix, notre propre journal d’infos. J’écoute France Inter le matin, et donc je sais ce dont tous les grands médias vont parler dans la journée. Du coup, je parle d’autres sujets de fond, d’infos issues de médias alternatifs, locaux (Le poing à Montpellier) ou nationaux (Bastamag, Reporterre) ou de Facebook, par exemple pour des nouvelles de la ZAD à Saint Gély du Fesc. Il n’y a pas que l’AFP qui soit valable  !
Je suis libre de mon approche, si nécessaire je discute avec le reste de l’équipe. Si c’est du national ou de l’international, l’info peut être traitée de façon assez courte, mais par contre pour ce qui est du local, les gens nous appellent, et nous prenons le temps de donner la parole librement aux gens, suffisamment longtemps et non pas deux minutes comme sur les chaines d’infos.