Le miel est entré dans la vie de Jean-Pascal Lambert à 30 ans avec un apiculteur qui lui a ouvert sa porte.
Après une formation à Hyères*, il exerce ce métier quelques années dans le Loiret avec 250 ruches, expérience qui lui permet de confirmer une véritable vocation. En 1996, il s’installe dans la région de Ganges, attiré par une sobriété plus heureuse.
En 25 ans, les conditions de ce métier ont beaucoup changé, explique Jean-Pascal, surtout en raison de l’évolution de l’environnement qui a contraint les apiculteurs à adapter leurs pratiques. Le miel dépend des abeilles et des fleurs, deux organes vivants qui ont subi de multiples agressions depuis 50 ans. La sécheresse et le frelon asiatique ont décimé à deux reprises les 4/5ème de mes abeilles, aussi fragilisées par les néonicotinoïdes** et le ré- chauffement climatique.
Solidaire par conviction, Jean-Pascal a su tisser des liens de confiance dans la région qui lui ont permis de tenir bon face aux difficultés. En 2006, avec 3 apiculteurs de la région, il crée une miellerie collective. Ensemble, ils louent un local à la mairie de Moulès où ils récoltent et stockent leur production. C’est l’un d’eux qui a appris à Jean-Pascal les nouvelles techniques apicoles naturelles permettant de s’adapter à l’environnement actuel. Aujourd’hui on ne travaille plus avec des essaims naturels, on élève des reines. On ne se fie plus aux saisons, on doit en permanence observer la nature, plus imprévisible qu’avant, surveiller les saisons et inventer des techniques pour s’adapter.

Jean-Pascal produit juste assez de miel pour vivre et le vend au marché de Ganges. Depuis le premier confinement, je vends plus de miel. Le circuit court a pris du sens pour les gens. Ils se sont rendu compte de la valeur de la production locale. C’est un pro- grès, mais je trouve que les abeilles n’ont pas tout le respect qui leur est dû. Elles ont subi de lourdes pertes ces dernières années malgré une présence dans l’ecosystème depuis 100 000 ans, qui a largement prouvé son utilité.

*Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricoles.
**Insecticides chimiques hautement polluants utilisés dans l’agriculture depuis les années 70.

Note du Porte-Voies :
Pour une actualité récente sur la loi, extrait de l’article du Monde du 3 juin 2021 : C’est un avis qui va ravir les abeilles. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a identifié vingt-deux produits alternatifs à l’usage des insecticides néonicotinoïdes pour lutter contre la jaunisse des betteraves. (…)
Ces moyens de lutte pourraient prendre le relais des produits à base de néonicotinoïdes, interdits depuis 2018, mais dont l’utilisation a été réintroduite par dérogation en 2020 pour les traitements des semences de betteraves.
M.R.